來自遙遠嘉寶的家庭 以音樂和紡織維生 爵士與吉普賽風味的民謠 交織出關於移民與家族歷史的音樂故事詩! 關於Victorie Music和Jean Pierre Darroussin/Le Collectif de l’Autre Moitié 法國知名兒童音樂廠牌Victorie Music,專為幼兒和兒童打造音樂、演出與童書出版,並支持兒童音樂人的優質創作。Jean Pierre Darroussin是法國知名的電影和舞台劇演員,在本輯中擔任旁白。Le Collectif de l’Autre Moitié是一個由本輯作曲者Alexis Ciesla的學生組成的音樂創作組合。 專輯曲目 1.城市嘉寶 Garbo, la ville Il n’y a qu’une seule place à Garbo. Une seule place où on se pose, on cause, on crie, on rit, on boit, on achète, on vend, une place où on écoute, on danse, on se marie aussi. Et justement, sur cette place, on fête aujourd’hui les noces de Darius et Greta. Opa tsupa la la la Bienvenue sur la grand’roue Venez, venez, venez Aujourd’hui est un jour fou Pour les deux jeun’s mariés Retenez bien votre souffle Ouvrez, ouvrez, ouvrez Vos oreilles et vos gosiers Goûtez la vie, goûtez Bienvenue sur la grand’roue Venez, venez, venez En piste, rois ou nomades Chantez, dansez, chantez! Garbo et sa Grande Parade Venez, venez, venez En piste, rois ou nomades Chantez, dansez, chantez Dansez, chantez! 2.大流士與格蕾塔結婚了 Le mariage de Darius et Greta — Darius veux-tu épouser Greta, la chérir, tricoter votre amour à quatre mains, aujourd’hui, demain et jusqu’à la fin? — Oui, je le veux. — Greta, veux-tu épouser Darius, coudre ensemble vos deux vies et tous leurs plis, ce qui vous sépare, ce qui vous unit, qu’il fasse grand vent, soleil ou pluie? — Oui, je le veux aussi. — Au nom de l’Amour et du Fol Esprit, je vous déclare épouse et mari. Ça y est, c’est dit Je tresse ma vie à ton av’nir Ça y est, c’est dit Pour le meilleur et pour le pire Ça y est, c’est dit Je tresse mes vœux à tes désirs Ça y est, c’est dit Pour le meilleur et pour le pire Ta joie de vivre Ton rire, tes doutes, tes projets fous J’emporte tout Ta force discrète Qui sait ouvrir tous mes verrous J’emporte tout Ça y est, c’est dit Ils tissent leurs vies et leur av’nir Ça y est, c’est dit Deux cœurs en moins à conquérir On vous souhaite de réussir À tenir la barre du navire Moi si j’avais su, à votre âge, J’aurais préféré prendre le large! À défaut de tenir la barre, Tiens donc ta langue, il vaut mieux boire! Ah ça, c’est sûr que j’ai trinqué… Allez, allez, venez tous boire! Aux amoureux et à Garbo! 3.拉斯金叔叔的家 Chez oncle Raskine Ils n’ont pas grand’chose dans leur dot, les tourtereaux. Alors Darius le tailleur et Greta la couturière s’installent chez Oncle Raskine, l’oncle aux longs doigts-racines, qui ne parle que grâce à sa contrebasse. Le vieux zingaro a de la place sous son toit et dans sa cuisine. Oncle Raskine et son grand manteau de laine jaspée, qu’il porte toute l’année, hiver comme été. À Garbo, on murmure qu’il ne le quitte que pour ronfler. Étrange vêtement aux invisibles coutures, aux poches plus profondes que la mémoire. Ce manteau a toujours intrigué le jeune tailleur. Une nuit, Darius l’a essayé. Comme ça, pour savoir… Et lorsqu’il l’a enfilé, il a senti sur ses épaules le temps se poser. Qu’il était lourd à porter… — Si l’Oncle me laissait faire, confie-t-il à Greta, je pourrais reprendre les manches, là et là. Je pourrais remonter un peu l’ourlet et… — Si Oncle Raskine apprend que tu as coupé un fil de son manteau, dit Greta, il t’arrachera un à un les poils de la barbe et te les fera avaler avec du piment oiseau ! Un manteau aussi lourd que la mémoire Des hommes venus d’un autre temps Un manteau qui porte en lui une histoire Du tout premier souffle de vie jusqu’à maintenant Un manteau cousu avec les racines Des arbres et forêts de Garbo Un manteau tissé aux origines Du monde, un manteau, une seconde peau Il pèse au moins un quintal ce satané manteau Qu’est-ce qu’il met dans ses poches, ce vieillard zingaro ? Qu’est-ce qu’il met dans ses poches ? C’est plus lourd qu’un cargo ! Une batterie de couteaux ? Ou un vieux chapiteau ? Des rails de tramway Cachés dans la doublure ? Ya ta ta ka ta pa pa ta ka ta pa pa pa pa(bis) Un ours qui hiberne ? Ou bien la Mer Caspienne ? Le Kilimandjaro Caché dans les coutures ? Ya ta ta ka ta pa pa ta ka ta pa pa pa pa (bis) Il pèse au moins un quintal ce manteau Qu’est-ce qu’il met dans ses poches, ce fichu zigoto ? Qu’est-ce qu’il met dans ses poches ? C’est plus lourd qu’un cargo ! Un arbre génialogique Qui r'monte au Jurassique ? Les murailles d'un château Cachées dans la doublure ? Ya ta ta ka ta pa pa ta ka ta pa pa pa pa (bis) 4.縫紉車之間 L'atelier de couture Un matin Greta sent en elle une musique nouvelle. Un murmure qui bruisse, jusqu’à devenir un air, puis une petite voix. Elle va retrouver Darius penché sur sa machine à coudre, occupé à ourler pizzicato un tablier neuf pour le cordonnier. « Un tablier pour le cordonnier… Un tablier pour le cantonnier… » — Il va falloir réduire les mesures, dit-elle avec douceur. — Ah ? S’étonne Darius. Pourquoi ? — Bientôt, le prochain habit sera beaucoup plus petit… — Un fils, chante Darius, je vais avoir un fils ! — …Ou une fille, ajoute Greta. Tout en sifflotant, le tailleur reprend sa couture allegretto. 5.米洛的誕生 La naissance de Milo Il est si ému qu’il manque de coudre sa propre barbe. Darius et Greta travaillent de concert. Ils coupent, taillent, cousent des chemises, des manteaux. Toute l’année ils habillent Garbo. Le soir, Darius troque sa machine à coudre contre son saxophone, Oncle Raskine, prend sa contrebasse, Greta délaisse les ciseaux et se met à chanter. Une vareuse pour la guérisseuse Un coltin pour le pharmacien Des bretelles à la ribambelle Pour chaque jour habiller Garbo ! Accrochez-vous aux emmanchures Ça file doux sur la grand’roue Au fur et à mesure Derrière nos murs la vie s’enroule Un défilé de haute-couture Au fur et à mesure Une guêpière pour la cuisinière, oh ! Par centaines des jupons des gaines Des dessous pour tous les zazous Pour chaque jour habiller Garbo ! Le petit Milo voit le jour au milieu de la nuit. Et lorsqu’à l’aube, il ouvre ses grands yeux sur Garbo, Darius s’exclame : — Un sacré brin de fils, on a tissé là ! La nuit s’est posée Sur les rues de Garbo sans bruit Un vent léger Berce les enfants endormis Là dans mes bras Dors petit Milo Car là-haut, Milo Veille l’esprit zingaro 6.新規矩 Montée de la dictature Il n’y a qu’une seule route qui mène à Garbo. Une route où vont et viennent les bêtes et les hommes, le vent, la foire, le cirque ambulant, le progrès, une route où s’en vient parfois la guerre aussi. Un jour, des hommes-corbeaux clouent un grand panneau au milieu de la place, SCHLACK ! « IL EST INTERDIT DE JOUER AVEC DES DIÈSES ET DES BÉMOLS. » - Il reste encore les bécarres, dit Darius avec philosophie. - Bientôt, ces oiseaux de malheur interdiront les arpèges et les demi-tons, souffle Greta. De fil en aiguille, les panneaux et les lois poussent sur Garbo comme du chiendent, la censure va crescendo. SCHLACK ! « IL EST INTERDIT DE JOUER JUSTE. » Le mois suivant, une affiche annonce : SCHLACK ! « IL EST INTERDIT DE JOUER AVEC LA MAIN DROITE. » — Il reste la gauche, dit Darius, avec philosophie. — Souviens-toi qu’on n’en a que deux, soupire Greta. Bientôt, sur le mur de la gare, on lit en lettres noires : SCHLACK ! « IL EST INTERDIT DE JOUER AVEC SON INSTRUMENT COMPLET. » — Au moins, on a encore le bec, dit Darius. — La prochaine fois, rétorque Greta, c’est la langue qu’ils nous couperont, tu verras. Un matin, les hommes-corbeaux viennent par nuées clouer de nouveaux panneaux : SCHLACK ! SCHLACK ! SCHLACK ! « IL EST INTERDIT D’EMETTRE LE MOINDRE SON. » — On file un mauvais coton, murmure Greta. Elle coupe leurs derniers fils et range leurs ciseaux : — J’en ai plein le dos de ce tissu d’âneries ! On ne coud pas des habits avec du fil barbelé, il est temps de quitter Garbo. — Tu as raison, dit Darius, filons en douce. Avant que le ciel ne devienne trop bas, ils prennent leur courage à deux mains, leurs jambes à leur cou, et leur fils sous le bras. Oncle Raskine sur les talons, ils traversent l’unique pont de Garbo et marchent jusqu’à la mer, sans se retourner. 7.遠離 La traversée Sur le pont du navire, ils sont nombreux à s’accrocher, mains nouées, regards inquiets, tournés vers le port. Et quand la tempête se lève, ils sont encore plus nombreux, ventres noués, penchés par-dessus bord. Ils viennent de l’Est, de l’Ouest, du Sud ou du Nord, et au fond de leur valise, avec leur faux passeport, ils ont glissé un peu de terre de leur pays, la photo d’un grand-père, le rire d’un ami. Pour fuir, certains ont vendu jusqu’à leur unique dent en or. Ils ont peur, ils ont faim, mais à manger, ils n’ont que leurs mains. Alors ils chantent. En russe, mandarin, en tamazight ou en italien, mais toujours ensemble. Certains chantent comme des casseroles, qu’importe, dans la tempête des émotions, tout sert de percussion, une marmite, un pot de chambre, des cuillères, un vieil oignon. Ils chantent la faim, la soif et la galère, et même au creux de la vague, ils se bercent d’espoir. Greta et Darius s’accrochent au manteau d’Oncle Raskine comme à un mât, puisqu’ils n’ont plus que ça. Malgré le bruit et le froid, Milo est bercé par une autre mer, il dort dans les bras de Greta. Lou lou lou lou lou loin de Garbo (bis) Shov shalé varé im kora shavé Que sto é tché si canta la via verdi di la mora latina Da pravda runiévitch kovalski né va é liana révéim I su chégué é gué légué 8.邊界 La frontière Enfin quelqu’un crie « Terre ! ». À l’arrivée à la frontière, il y a plusieurs files, des barrières et un long questionnaire. Ici les règles varient au gré du vent et de l’humeur des agents. Il y a les plus chanceux qui obtiennent le droit d’entrée. Et puis, il y a les refoulés, ceux qui repartent sans avoir jamais posé le pied. Voilà la petite famille face à un officier. — Pour passer, il faut laisser toutes vos affaires. Machine, ciseaux, aiguilles, instruments de musique. — C’est impossible, proteste Darius, c’est notre raison de vivre ! — C’est comme ça, rétorque l’officier. — Il doit bien y avoir moyen de s’arranger ? murmure Greta, qui sent qu’il va leur donner du fil à retordre. L’officier réfléchit. — Jouez-moi quelque chose que vous n’avez jamais joué, dit-il. Je n’ai pas entendu de belle musique depuis des années. - On vient de traverser l'océan et il veut qu'on lui ponde une idée neuve ! S’indigne Greta tout bas. Oncle Raskine klingue klongue en guise de protestation. — Il dit quoi, l’ancêtre ? grogne l’officier. — D’accord pour une musique qu’on a joué mille fois, traduit Darius avec prudence. — Pas question ! Je ne veux pas de la double-croche de pacotille, hein ! Je veux des blanches, des rondes, et mettez-y du sentiment ! Oncle Raskine re-klingue klongue. — Quoi, encore, l’aïeul ? S’agace l'homme. — Il dit : on peut vous jouer une musique qu’on connaît bien, traduit à nouveau Darius. — Non et non, rugit l’officier. Ce n’est pas assez ! — Bon, soupire Darius. On a une musique jouée qu’une seule fois, lors du mariage de… — Je veux quelque chose d’unique, rien que pour moi ! Faites-moi voyager de la tête aux pieds. Je veux sentir le souffle de la terre et la pulsation des marées, ou vous retournez presto d’où vous venez ! 9.地上的鑰匙 La clef du sol Alors Greta, Darius et l’Oncle jouent et chantent avec leur âme et leur ventre pour l’homme en uniforme qui détient la clef du sol. On l’attendait, la clef du sol On l’a rêvée, la clef du sol Celle qui desserrait les armures Celle qui ouvrait toutes les serrures Donnez-la nous, cette clef du sol Même payée au prix du pétrole Après les coups, la dictature Que le monde ouvre ses coutures ! Alors En v’là du beau en v’là Pour vous remuer l’âme En v’là du tralala De la joie ou du drame - Alors, qu’est-ce que vous choisissez ? Questionne Darius. De la joie ? Du drame ? - Faites-moi danser ! Faites-moi danser ! - C’est bon, dit l’officier, vous pouvez passer. Allez, filez, je ne veux plus vous voir ! Greta et Darius reprennent espoir. Alors qu’ils franchissent les derniers mètres, un second officier arrête leur élan. - Le Nouveau Monde est droit devant. Mais d’abord, vous devez laisser vos instruments. — Nos instruments ?s’insurge Darius, mais votre collègue… — Les aiguilles aussi, ordonne l’officier. — Laissons-les, murmure Greta qui comprend qu’il n’y a plus rien à négocier. — Le vieux peut garder son manteau, conclut l’homme en tournant le dos. 10.尋找屋頂 Trouver un toit L’heure est grave et le monde paraît trop grand, quand on se retrouve nu comme Adam. — Même nos aiguilles… répète Darius, perdu. Il a volé nos aigus… — Pour le moment, il faut trouver un toit, dit Greta. Seulement un toit, ils n’en trouvent pas. Les portes leur claquent au nez, sitôt qu’Oncle Raskine klingue klongue pour questionner. — On comprend rien, nom de nom, articulez ! — Excusez-le, dit Greta, il ne parle que contrebasse… Ils passent de longues nuits dehors, blottis sous le grand manteau transformé en bâche. Chaque matin, ils repartent en quête d’un toit pour la nuit. En vain. — Ici, on n’accepte pas les mendigots en manteau ! Aboie un vieux chafouin. — Le manteau, bien sûr… dit Darius, forcément, il impressionne. Coupons-le un peu. Le ton monte, il faut palabrer longtemps. Oncle Raskine… Garbo est loin… Et même s’il tient chaud… Oncle Raskine… On a besoin… De découper un peu ton manteau… On n’a plus le choix… Ici il faut… Faire profil bas… Ici les gens ont peur des Zingaros ! Enfin, Greta le convainc de les laisser raccourcir son manteau. Darius lui taille une veste. Ils dénichent un appartement délabré qu’une rombière vorace leur loue au prix d’un palace. — À prendre ou à laisser ! — On prend, tranche Greta, Milo endormi dans ses bras. 11.那座工廠 L'usine Darius et Greta travaillent dans une usine de petits pois. Ils enchainent mille emplois. Ils serrent des vis, remplissent des caisses, ils usent leur jeunesse. Les mois passent, ils en ont plein le dos, et maintenant ils le savent : il n’y a pas d’Eldorado. - À quoi bon fuir, dit Darius, si c’est pour se retrouver là, sans saxo ni ciseaux ? J’ai l’impression d’avoir perdu Garbo. 12.拜訪醫生 C'est grave docteur Passe le temps, Milo perd sa première dent. Darius et Greta triment toujours autant. Chaque soir, le tailleur répète : - Ici, j’ai la sensation de perdre le fil, Greta. De ne plus être moi. Il me manque… Tu sais, ce… Sur un coin de table, le lavabo ou un tuyau, Darius frappe avec ses doigts le même rythme lancinant. Tik Tik Tik Tik Ti Ke Ti Ke Tik… Un jour, la fièvre terrasse Darius, Greta se résout à faire venir un médecin. - Depuis hier, son discours est décousu, dit-elle, inquiète. - Sa tension est basse, répond l’homme, l’oreille collée contre le torse nu. Greta soupire. — C’est normal, on nous a volé nos aigus. Le médecin pique alors le bras de Darius, à l’envers et à l’endroit, comme pour faire un point de croix. — Qui est-ce ? demande-t-il en apercevant l’homme aux doigts-racines et au regard millénaire, calé dans un coin de la chambre comme une ombre portée. — C’est Oncle Raskine, chuchote Milo. Faites pas attention. — Bizarre, son costume, on dirait un déguisement. — C’est pas un costume, c’est nos coutumes. Sans Oncle Raskine, on se sentirait un peu nus tout le temps… — Ce petit a trop d’imagination, méfiez-vous, ça le perdra, lance le médecin à Greta. À ces mots, Oncle Raskine klingue klongue. — Il a dit quoi ? interroge le médecin. — Il a dit : « il vaut mieux se perdre dans ses rêves que perdre ses rêves… » articule Darius, tout bas. La fièvre de Darius tombe avec le soir, pourtant il fait grise mine. Et déjà reprend la routine, l’usine. Milo grandit. Darius s’aigrit. Greta maigrit. Oncle Raskine perd du poids aussi. 13.米洛的鋼琴 Le piano de Milo Milo rapporte un jour un piano déglingué, trouvé sur un chantier. L’Oncle joue, kling klong mais eux, ils entendent le chant de la machine, le cliquetis cadencé, le trot de l’aiguille au cœur de l’atelier, l’Oncle joue, kling klong, mais eux, ils entendent les rires des gamins et le vent de Garbo dans les cheveux de Greta…Une joie si vraie sur un piano si faux ! Les doigts de Darius tapotent un petit air retrouvé. Tik Tik Tik Tik Ti Ke Ti Ke Tik… —Greta, nos mains sont faites pour coudre des boutons, pas pour serrer des boulons. Ouvrons notre propre atelier ! Avec chaque centime gagné, Darius et Greta rachètent une aiguille. Un jour, une bobine. Deux, puis trois. Enfin, une machine. Greta et Darius taillent et cousent ensemble à nouveau. Tik Tik Tik Tik Ti Ke Ti Ke Tik… Qu’il est doux aux oreilles, le staccato ! Un homme fumant un gros cigare tombe en arrêt devant Oncle Raskine. — J’adore votre veste, ça c’est un complet ! Dans le quartier, Greta et Darius lancent un nouveau modèle. - Bientôt, dit Darius en cousant si joyeusement qu’il en fredonne, on rachètera un saxophone ! 14.嘉寶之針 L'aiguille de Garbo Les saisons passent, Greta et Darius continuent de filer le parfait amour. Ils coupent, taillent et cousent nuit et jour. Pourtant, malgré leurs efforts, ils ne roulent pas sur l’or. Ils se serrent la ceinture, encore. Enfin, un soir d’été, Darius pose avec fierté devant leur enseigne « L’Aiguille de Garbo ». Oncle Raskine vieillit, il est maintenant fluet. Sa veste s’effiloche, elle n’est plus qu’un simple gilet. Milo devenu grand travaille avec ses parents. Parfois, il s’impatiente. — Enfin, papa, le costume trois pièces, c’est dépassé ! C’est dans le blazer qu’il faut se lancer ! Darius est entêté, mais Milo a des idées. 15.米洛的婚禮 Le mariage de Milo L’oreille collée au poste de radio, Milo tombe amoureux d’une voix, Ava. Un soir, il va attendre la jeune fille à la sortie du studio. C’est un coup de poker, pourtant elle est conquise par l’audace de Milo. Ava ne sait pas coudre, mais elle danse. Elle fait des claquettes et joue du violon elle rêve d’être vedette de music-hall. Tap Tap Tap Tap Ta Ke Ta Ke Tap… À Darius, elle plaît aussitôt. Greta n’en dit pas un mot. Mais très vite on la surnomme « la Vénus de Milo. » Pour leur mariage, Milo taille dans le gilet d’Oncle Raskine une magnifique cravate. Touche personnelle, il lui ajoute un liseré de moleskine et un bouton rescapé. — Milo, veux-tu épouser Ava, la chérir, coudre vos deux vies, rires ou chagrins, aujourd’hui et tous les demains ? — Oui, je le veux. — Ava, veux-tu épouser Milo, danser avec lui par tous les temps et sur toutes les musiques, jusqu’à la fin du générique ? — Oui, je le veux aussi. — Au nom de l’Amour et du Grand Défi, je vous déclare épouse et mari. Bienvenue dans notre danse Tournez, tournez, tournez Une nouvell’ histoire commence Pour les deux jeun’s mariés Retenez bien votre souffle Ouvrez, ouvrez, ouvrez Vos oreilles et vos gosiers Goûtez la vie, goûtez Bienvenue dans notre danse Tournez, tournez, tournez Un nouveau film commence Jouez, jouez, jouez ! Et surtout n’oubliez pas Gardez, gardez, gardez Garbo est là sous vos pas Chantez, dansez, chantez Dansez, chantez ! 16.埃爾多拉多 L'Eldorado Au début du printemps suivant, Oncle Raskine s’éteint, doucement. Milo garde sa cravate précieusement, comme un talisman. Les années s’enchaînent, la joie suit la peine, Ava met au monde une petite fille, Lauren. Un matin, Milo pose sur la table de son père un blouson qu’il vient de confectionner. - Un blouson en cuir ? S’étonne Darius. - Une idée d’Oncle Raskine, explique Milo. Il avait l’habitude des durs à cuire… - Pourquoi ces renforts aux coudes et aux épaules ? - Pour protéger lors des chutes à moto. - Ingénieux. Et comment l’appelles-tu ? - L’ELDORADO, répond Milo. Ce blouson remporte un franc succès. Finies, les années de galère, leurs affaires prospèrent enfin. Quand on veut un Eldorado, il faut le coudre à la main. 17.勞倫的回憶 Des souvenirs pour Lauren Dans la vieille cravate d’Oncle Raskine, Milo taille un doudou pour sa fille. La petite Lauren adore son doudou et l’use jusqu’à la corde, si bien qu’il finit par ne plus ressembler à rien. Un soir, Greta prend sa petite-fille sur les genoux. — Dis-moi, ma jolie, est-ce que tu connais l’histoire du Doudou Raskine ? — Oh, grand-mère, raconte-moi…! Alors Greta raconte : « Il n’y a qu’une seule place à Garbo. Une seule place où on se pose, on cause, on crie, on rit, on boit, on achète, on vend, une place où on écoute, on danse, on se marie aussi. » 18.拉斯金叔叔的百衲被 Le doudou Raskine (chanson) Il est né dans un grand manteau Sur la Grande Roue de Garbo Le doudou Raskine (bis) Il portait le temps sur le dos Il était notre mémento Le doudou Raskine (bis) Il était plus lourd qu’un piano Il effrayait tous les marmots Le doudou Raskine (bis) Il a fui les hommes-corbeaux Il a tangué sur un bateau Il a traversé des pays Il a lutté contre l’oubli Il nous a protégé la nuit Dans sa doublure de parapluie Comme il faisait peur aux badauds On a raccourci le manteau Du doudou Raskine (bis) Avec sa veste et son chapeau Il avait l’air d’un mafioso Le doudou Raskine (bis) Quand les manches se sont rabougries On a taillé un gilet gris Au doudou Raskine (bis) Au fil du temps il a maigri Il a fondu comme une bougie Le doudou Raskine (bis) Alors comme un aristocrate Le gilet est dev’nu cravate Le doudou Raskine (4 fois) Et puis un jour le zingaro A éteint son cigarillo Le doudou Raskine (bis) On a gardé ses yeux bleu-gris Pour les coudre sur ton grizzli Et c’est un peu l’âme de Garbo Que tu tiens là dans tes bras chauds (bis) Le doudou Raskine, c’est le doudou Racine L’homme aux doigts-mandragore Le gardien du trésor Et aujourd’hui encore Il nous montre le nord Il marche dans nos pensées Et nous pousse à danser ! Ya ta ta ka ta pa pa ta ka ta pa pa pa pa Ya ta ta ka ta pa pa ta ka ta pa pa pa pa
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